Une tendance confirmée par leur intention de ne pas se servir de leur bulletin de vote pour sanctionner ou approuver l’action du Président de la République et du Premier ministre, pas plus que pour dresser le bilan de la gestion de la crise sanitaire ou encore marquer leur désaccord avec les résultats d’Emmanuel Macron dans la lutte contre l’insécurité, pourtant toujours jugée négativement par une majorité de nos concitoyens.
En tête des préoccupations qui guideront leur choix aux élections régionales, les Français placent certes, la sécurité des biens et des personnes, mais aussi la santé, l’emploi et le pouvoir d’achat. Si 42% disent que la lutte contre la délinquance sera déterminante dans leur vote dimanche, c’est toutefois 9 points de moins qu’il y a 6 ans (51%).
Les enjeux locaux au cœur des intentions de vote aux élections régionales
Les électeurs qui se rendront aux urnes dimanche à l’occasion des élections régionales disent très majoritairement que leur vote sera fonction des enjeux régionaux et locaux plutôt que nationaux. La différence avec le précédent scrutin de 2015 est particulièrement nette.
- 85% des personnes interrogées indiquent qu’elles voteront en fonction des enjeux locaux et régionaux.
- C’est 22 points de plus que lors des élections régionales de 2015 lors desquelles 63% des Français plaçaient prioritairement ces enjeux dans leur choix.
- Les électeurs qui disent qu’ils voteront en fonction d’enjeux nationaux sont plutôt jeunes (34% des 18-24 ans), issus de catégories très modestes (42% des personnes percevant moins de 894 € par mois), sympathisants de la France Insoumise (26%) et du Rassemblement National (24%).
- 42% de ceux ayant été victimes d’un cambriolage lors des 12 derniers mois se prononceront en fonction de considérations nationales plutôt que régionales.
Ni soutien ni sanction au Président de la République et au Premier ministre
Signe que les enjeux locaux seront prépondérants, une majorité de Français n’utilisera pas son bulletin de vote pour exprimer son soutien ou sa défiance vis-à-vis d’Emmanuel Macron ou de Jean Castex. Et ceux qui le feront sont beaucoup moins nombreux qu’il y a 6 ans.
- Alors qu’en 2015, le déficit de popularité de François Hollande avait fortement pénalisé les sortants régionaux se situant dans la gauche de gouvernement, l’absence de présidents sortants se réclamant de la majorité gouvernementale réduit, cette année, fortement l’ampleur du « vote sanction » : moins d’un quart des votants (24%) déclarent qu’ils vont voter pour sanctionner la politique du président de la République et du Gouvernement, soit une proportion presque deux fois plus faible que celle que l’Ifop observait aux dernières élections régionales (39% en 2015) et européennes (39% en 2019).
- A contrario, ils sont 17% à déclarer qu’ils vont voter pour soutenir la politique du président, soit une proportion légèrement supérieure aux dernières élections régionales (13% en 2015) et européennes (14% en 2019).
- Logiquement, l’on retrouve chez les partisans du vote sanction ceux qui placent les enjeux nationaux devant les enjeux régionaux : 38% des 18-24 ans, 47% des plus modestes et 61% des sympathisants du Rassemblement National sont dans ce cas.
Influence réduite de la gestion de la crise sanitaire dans les intentions de vote
Près de 2 Français sur 3 (61%) indiquent que la gestion de la crise sanitaire par Emmanuel Macron et le gouvernement n’influencera pas leur vote les 20 et 27 juin prochains. Ils sont 22% à indiquer que le bilan de cette gestion les amènera à voter contre les listes de la majorité présidentielle et 17% à dire qu’au contraire, ce bilan les incitera à voter en leur faveur.
La santé, l’emploi et la sécurité en tête des enjeux déterminants
S’ils placent majoritairement les enjeux locaux dans leurs intentions de vote au détriment des enjeux nationaux, les Français désignent trois compétences d’État – santé, emploi et sécurité des biens et des personnes – comme jouant beaucoup dans leur vote aux élections régionales. Il est vrai que les compétences des Régions, comme celles des Départements, sont souvent méconnues du grand public. Il est également vrai que même s’il ne s’agit pas de compétences propres aux collectivités locales, ces dernières interviennent néanmoins par différents biais – subventions et cofinancements notamment – dans ces domaines.
- Près des 2/3 des Français disent que la santé (64%) et l’emploi (62%) compteront beaucoup dans leur vote dimanche.
- La sécurité des biens et des personnes arrive en 3e position (58%) à égalité avec le pouvoir d’achat et le coût de la vie.
- Première compétence régionale citée, l’éducation (les lycées sont gérés par les Régions) est considérée comme importante dans leur intention de vote par 52% des personnes interrogées, en hausse de 5 points par rapport au scrutin de 2015.
- La gestion des transports régionaux connaît un nette progression dans l’intérêt des votants (50% contre 40% il y a 6 ans).
La lutte contre la délinquance, élément déterminant pour moins d’1 Français sur 2 aux Régionales
Au cœur de l’actualité et des débats, la lutte contre la délinquance n’est pas pour autant considérée comme un élément déterminant pour la majorité des Français lorsqu’ils glisseront leur bulletin dans l’urne dimanche.
- 42% des personnes interrogées disent que la lutte contre la délinquance sera déterminante dans leur vote le 20 juin. C’est 9 points de moins que ce qu’exprimaient les Français sondés à l’occasion des élections européennes de 2019.
- En revanche, une courte majorité (53%) indique que cette donnée sera déterminante pour eux l’année prochaine à l’occasion de l’élection présidentielle, en recul de 3 points par rapport au scrutin de 2017 (56% la désignaient alors comme déterminante dans leur vote).
- Les personnes sans emploi (59%), les catégories les plus modestes (69%), les sympathisants Les Républicains (72%) et Rassemblement National (65%) considèrent la lutte contre la délinquance comme un marqueur déterminant de leur vote aux élections régionales.
- Une proportion qui monte à 85% chez les personnes ayant été victimes d’un cambriolage au cours de l’année écoulée.
2 Français sur 3 jugent négatif le bilan d’Emmanuel Macron en matière de lutte contre l’insécurité
Si le bilan du Président de la République dans la lutte contre l’insécurité demeure jugé négativement par une majorité de Français (68%), ils sont moins nombreux à exprimer leur défiance qu’au cours des 9 derniers mois.
- Hormis les sympathisants de La République En Marche qui plébiscitent ce bilan pour 81% d’entre eux, toutes les autres composantes politiques expriment un avis négatif, avec une pointe à 84% chez les sympathisants du Rassemblement National.
- Les femmes (73% d’avis négatifs) sont plus sévères que les hommes (63%).
- Seuls les jeunes âgés de 18 à 24 ans ont une opinion positive (56%) du bilan d’Emmanuel Macron dans ce domaine. Les autres tranches d’âges le jugent négativement, notamment les 35-64 ans (74%).
- 78% des personnes résidant dans une banlieue populaire sont insatisfaites des politiques menées contre l’insécurité contre 62% de ceux qui habitent une banlieue aisée.
Étude Ifop pour Internorm, réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 10 au 11 juin 2021 auprès d’un échantillon de 1 004 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.
Vous pouvez télécharger l’intégralité du PDF reprenant les chiffres de l’enquête via ce lien.